
Le poème de la semaine "Grandeur de Dieu"
Dernière mise à jour : 5 oct. 2018
L’univers est chargé de la grandeur de Dieu.
Elle doit jaillir tels les feux d’une feuille d’or qu’on froisse.
Elle s’amoncelle à force comme l’huile comprimée
Gicle. Pourquoi donc les hommes font-ils fi de son fouet ?
Les générations ont piétiné, piétiné, piétiné,
Tout est flétri par le négoce ; par le labeur brouillé, souillé,
Porte la crasse de l’homme, suinte l’odeur de l’homme ; le sol
Est nu maintenant, et le pied ne peut le sentir étant chaussé.
N’importe ! la nature n’est jamais épuisée,
La plus tendre fraîcheur vit au fin fond des choses ;
Et bien que l’ultime lueur ait sombré à l’Ouest sombre,
Au bord brun de l’Orient, oh ! jaillit le matin –
Parce que le Saint-Esprit couve la courbe
Monde de la chaleur de son sein et de la lumière ah ! de ses ailes.
(23 février 1877)

God's Grandeur, de Gerard Manley Hopkins, traduit par Jean Mambrino aux éditions Arfuyen